Afin de me faire plein de nouveaux amis, j'ai décidé de consacrer ce blog à la critique d'albums jeunesse.
Pour le reste, on se reportera toujours utilement à Du sarin dans le plastibulle.

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dimanche 30 octobre 2011

Atchoub !

André François Les rhumes. - Delpire, 2011.

Au contraire de bien d'autres animaux légendaires, le rhume n'a jamais disparu. Pourquoi ? Parce que chacun sait qu'il n'est pas très prudent de l'attraper. Nonobstant, il importe de bien distinguer le rhume de cerveau du rhume des foins, le gros rhume du rhume de Winchester (ou rhume carabiné), toutes espèces et variétés qui, prises au pied de la lettre, composent cette petite encyclopédie du refroidissement.
Du temps que les publicitaires savaient encore dessiner, les laboratoires pharmaceutiques se faisaient pardonner leurs prévarications en confiant leurs réclames aux meilleurs. Outre un Georges Beuville, André François fut de ceux-là, qui, en 1966, réalisa ce petit album pour le compte des laboratoires Beaufour. Il s'agit donc d'une réédition, mais d'une réédition qui n'a pas pris une ride. Le dessin d'André François était tellement moderne en 1966 qu'il le reste aujourd'hui bien assez pour faire rougir de honte n'importe quel Benjamin Lacombe. Improbables ornithorynques, ces rhumes tout en silhouette s'écrivent autant qu'ils se dessinent, avec la même désinvolture malicieuse qu'un vrai rhume se chope au détour d'un postillon. Et c'est tout le talent d'un véritable maître que de paraître ainsi laisser filer son pinceau d'une seule traite, sans hésitation ni labeur, pour composer une suite absurde et sautillante, bien digne d'une époque qui ne vit pas seulement s'épanouir le bedon du Général mais aussi la naissance des Shadoks et les films du grand Pierre Étaix.
Graphiste, affichiste, peintre, sculpteur et scénographe, André François (1915-2005) renouvela à lui seul tout l'art de l'album avec Les larmes de crocodile et quelques autres. Cinquante ans plus tard il échappe à toute péremption et reste résolument à prescrire, au contraire des produits Ipsen (ex-Beaufour) qu'on remplacera avantageusement par la propolis et l'eucalyptus.

6 commentaires:

  1. Grands dieux ! Pensez-vous très prudent, sur notre "blogosphère", d'employer des mots tels que "nonobstant", "prévarication", "péremption"... On n'est pas habitués, tant de lettres, tant de syllabes !
    Ceci dit vive le rhume et le dessin qui ne sent pas la sueur !
    Et puis oui, vivent les Shadocks, immortels, inoxydables, eux aussi d'une modernité à toute épreuve. Pour exemple cette citation de Jacques Rouxel, très tendance en ces périodes électorales: "Pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes."
    Ah, j'avais prévenu !
    Bavarde.

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  2. Yann, il y a des mots de plus de cinq lettres dans votre critique, vous allez en perdre quelques-uns en route. Mais faisons fi de tout cela et crions notre admiration céleste pour cet illustrateur extraordinaire.

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  3. Saperlipopette ! On va encore me dire que je m'écoute écrire...

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  4. Et ça continue ! "Saperlipopette", maintenant...
    Non, non, continuez à vous écouter écrire, le résultat est tout à fait gouleyant, j'irai même jusqu'à savoureux ! (mais je suis dans un bon jour)

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  5. Ce n'est pas lui qui avait illustré les îles baladar de Prévert ?

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