Afin de me faire plein de nouveaux amis, j'ai décidé de consacrer ce blog à la critique d'albums jeunesse.
Pour le reste, on se reportera toujours utilement à Du sarin dans le plastibulle.

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mercredi 14 septembre 2011

Caïn-caha

Claude Ponti Soeurs et frères. - L'école des loisirs, 2011.

Claude Ponti serait-il le Xavier Dupont de Ligonnès de l'album pour enfants ? Après les parents, voilà qu'il s'attaque aux frères et soeurs. Faut-il vraiment que toute la famille y passe ? Au moins, lui, sait-on toujours où le trouver : en tête des ventes.
M'autorisera-t-on malgré tout un léger blasphème ? Depuis quelque temps, je l'avoue, Claude Ponti m'ennuie. Je ne parle évidemment pas de son dessin qui m'a toujours paru relever d'une sorte d'esthétique pour paquet de céréales hallucinogènes. Je parle de ses derniers livres en général et de celui-ci en particulier. Ce n'est pas d'ailleurs qu'il soit si mauvais, c'est juste qu'il me tombe des mains et, par voie de conséquence, me casse les pieds. Comme le précédent, c'est un catalogue, à l'usage, cette fois, de qui souhaiterait changer de frère ou de soeur ou bien en acquérir de nouveaux. Il propose donc une typologie des frangins sous forme "d'esprits" résumés selon leur caractère, du "Brise-larmes" au "Labêt-Déciansse" et portraiturés en dessins si obligeamment pontiesques qu'on jurerait les avoir déjà croisés dans ses anciens albums. Là s'arrête d'ailleurs toute ressemblance. Car si l'on a pu trouver autrefois aux livres de Ponti des résonances psychanalytiques, celui-ci se contente de sonner creux. De même ses jeux de mots doivent-ils désormais moins à Jacques Lacan qu'à Joseph Vermot et sa langue, qui se lisait naguère dans le texte, s'est-elle faite un rien pâteuse. Bref, Claude Ponti, qui nous avait habitués à des livres complexes n'en fait plus que de compliqués, d'alambiqués, d'interminables... Et il y a une certaine tristesse à voir un auteur dont tous les délires étaient justifiés par la cohérence totale de son univers, s'en trouver comme exilé et réduit à faire la manche auprès des familles pour se payer un billet de retour.

8 commentaires:

  1. Je suis en train de parcourir votre blog pour la première fois et là, j'en suis à essuyer discrètement une larme. De rire. La statue du commandeur vient de prendre une châtaigne, elle vacille sur son piédestal. Et je jubile. Je pense d'ailleurs sérieusement arrêter mon pov'blog tellement ce que je lis ici est brillant!

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  2. Non ! N'arrêtez pas ! Sinon, il ne nous restera plus que Le Monde des Livres et "Les petites poules", ça va cinq minutes...
    Bon, c'est pas tout, mais il va falloir que je pense à faire figurer des liens, moi...

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  3. Riche idée, faites donc figurer des liens !
    Bon, tant pis, je n'arrête pas mais votre blog est tout ce que j'aime et ne sais pas faire : style, humour, talent (+ un chouïa de fiel)!

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  4. Pas trop de fiel, j'espère, sinon je culpabilise... Pour les liens, je vais y travailler dès que possible.

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  5. Une analyse que je partage avec regrets immense, j'aurais tant aimé billeté un nouveau livre de Claude Ponti sur mon blog... mais j'attends toujours que l'étincelle jaillisse et que feu se ranime. Claude n'est plus pontifiant, il devient lassant.

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  6. A notre grand regret, en effet.

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  7. Rien que pour le titre, je vous mets un petit mot sur ce post. C'est Za qui m'a invitée (obligée!)à venir sur votre blog ( il y a un moment déjà). Mais ce matin PAF! j'ai tout lu et je me suis régalée. J'avoue que de croiser toutes ces statues indéboulonables, ces incitations à vénérer tel ou tel me crispe quelque peu.Ici les statues indéboulonables sont des gens "comme tout le monde" et ça fait un bien fou.
    Je n'ai qu'un seul regret: il n'y a pas assez d'article ( ou alors c'est moi qui sombre dans la boulimie?)

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  8. Merci ! Il n'y a en effet pas beaucoup d'articles. C'est que chacun me coûte, outre des sueurs de sang, pas mal de temps. À tel point qu'il pourrait bien y avoir du remue-ménage d'ici peu...

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