Afin de me faire plein de nouveaux amis, j'ai décidé de consacrer ce blog à la critique d'albums jeunesse.
Pour le reste, on se reportera toujours utilement à Du sarin dans le plastibulle.

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vendredi 2 décembre 2011

Navets et têtes blondes

Christine Naumann-Villemin et Kris Di Giacomo Quand le loup a faim. - Kaléidoscope, 2011.

Il a faim et jette son dévolu sur un dodu lapin des villes. Mais une suite de malentendus et les beaux yeux d'une jolie citadine le pousseront à déménager et à se faire végétarien.
Disons-le d'emblée, cet album n'est ni pire ni meilleur qu'un autre, je n'ai fait que le pêcher au hasard dans le grand chaudron de sorcière où mijotent les soupes sempiternelles de la littérature jeunesse. On ne le citera donc qu'à titre d'exemple de cette étrange obstination que mettent certains auteurs à limer les crocs des loups et des ogres, au point de faire passer Marlaguette (1952) pour un sommet de cruauté réaliste. Combien de loups ont-ils déjà fini végétariens dans les livres pour enfants ? Et au nom de quoi faudrait-il qu'il ne soit de bon carnassier que repenti ? Le plus souvent, comme ici, c'est l'amitié qui servira de prétexte. Solitaire par essence, le mangeur de petits lapins n'accède à la sociabilité qu'en renonçant à sa nature et le grand méchant loup se fait brave toutou pour connaître les joies d'une soirée entre potes. La formule est connue, c'est même un cliché tellement ressassé qu'on se demande comment on peut encore le commettre en se croyant drôle. Ce qui le serait davantage, en revanche, ce serait de confier tous ces bons apôtres de la norme, armés d'un simple concombre, aux bons soins d'une véritable meute. Hélas ! ces pauvres bêtes les trouveraient sûrement trop fades. Quoi qu'il en soit, pendant ce temps, nos chères têtes blondes sont priées de finir leur entrecôte...

6 commentaires:

  1. Et Perrault devient, du coup, parfaitement subversif...

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  2. Oui mais non, parce que pour trouver quoi que ce soit de subversif aujourd'hui, il faut se lever tôt ! Le loup de Perrault (et d'autres) est juste dans son rôle. C'est une figure terrifiante, mais il est rassurant en lui-même parce que c'est un personnage de fiction. La fiction est rassurante en elle-même. Faire un loup rassurant, c'est redondant et c'est un manque de confiance par rapport au texte. Non ?

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  3. D'autant que la version de Perrault n'est pas celle qui est présente dans l'esprit des enfants, qui restent babas lorsque le Chaperon se fait croquer, point. Mais ça ne les gêne pas plus que ça dans le fond, c'est même assez jubilatoire !
    Alors ces loups édentés sont surtout là pour rassurer les parents acheteurs de livres, non ?

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  4. Dis, j'espère que tu craches pas sur tous les loups pris à rebrousse-poil !
    ;)

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  5. Meuh non, voyons ! Tu sais très bien ce que je pense de ton loup à toi. D'ailleurs il n'est pas végétarien, il mange des chocos ! Et puis de toute façon, on a quand même le droit d'avoir de l'humour ! Le tout c'est de ne pas refaire toujours le même truc. Le coup du loup (ou de l'ogre, ou du monstre) qui devient végétarien, c'est quand même une ficelle un peu usée...

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  6. les grosses ficelles, malheureusement, ça continue toujours de faire du beurre. Même usées, remâchées et recrachées.

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