Afin de me faire plein de nouveaux amis, j'ai décidé de consacrer ce blog à la critique d'albums jeunesse.
Pour le reste, on se reportera toujours utilement à Du sarin dans le plastibulle.

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jeudi 19 janvier 2012

Fatalitas !

Elzbieta L'écuyère. - Rouergue, 2011.

J'avoue : longtemps, j'ai tenu Elzbieta pour un auteur grisonnant, conçu ex-nihilo dans un laboratoire secret du Ministère des Livres pour enfants à l'usage exclusif des chignons et dames bibli, toujours si promptes à brandir Flon-Flon et Musette en s'épanchant sur les malheurs de la guerre. J'avais tort.
Car, plus que bien d'autres, Elzbieta est encore capable d'offrir aux petits des histoires délicieusement terrifiantes, où le meilleur mélo se fiance au Grand Guignol pour faire à Titine, petite sœur née d'une "maman à une place", un destin d'orpheline exemplaire. Bringuebalée de foyer en château hanté, échappant aux tentatives de meurtre de sa grande sœur pour mieux tomber dans les griffes "d'oncles" diaboliques... elle finira comme il se doit, entre erreurs judiciaires et coups du sort, écuyère dans un cirque. Ce qu'on pourrait prendre au premier abord une collection de clichés s'avère en réalité un piège feuilletonesque d'une efficacité redoutable, ne rechignant à aucun rebondissement sans jamais se priver ni d'humour ni d'une cruauté d'autant plus frappante qu'elle s'étale en couleurs pastel. Entre cinémascope et bande dessinée, à raison de quatre vignettes oblongues par page et d'une ligne de texte sous chacune d'elle, L'écuyère accomplit l'exploit d'être à la fois passionnant de bout en bout et résolument enfantin, sans aucun de ces clins d'œil appuyés du côté de l'adulte qui font parfois d'un album une tromperie vaguement condescendante. Elzbieta est tout entière aux côtés des enfants et scelle le destin de Titine d'une manière si charmante - au sens magique du terme - qu'elle vous ferait presque regretter de ne plus être petit. Pour ma part, je referais volontiers pipi au lit pour avoir de nouveau cinq ans et pouvoir lire cette histoire dans cet état de fraîcheur.

3 commentaires:

  1. L'article est très convaincant ! Je constate que tu as déjà croisé ma dame bibli...
    Cependant la dernière phrase m'a laissée perplexe. Il y a, à mon sens, une franche dichotomie entre l'action de faire pipi au lit et l'état de fraîcheur. Mais cela n'engage que moi.

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  2. C'est que tu n'as jamais essayé. Au bout d'un moment, un drap mouillé, c'est super froid...

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  3. Yerk !
    Tout ça, c'est de la faute à la polysémie !
    Il y a fraîcheur et fraîcheur...

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