Julie Lannes Chimères génétiques. - L'atelier du poisson soluble, 2011.
Au Poisson soluble, on aime bien les petits traits. Pas que les petits traits, mais quand même : les petits traits. Depuis Le tyran, le luthier et le temps jusqu'à ces Chimères génétiques en passant par pas mal d'autres, L'atelier du poisson soluble semble rendre un culte discret à la hachure comme signe indubitable de la belle ouvrage et du fait main. À quand le prix du Meilleur ouvrier de France ?
Je plaisante, bien sûr. L'atelier du poisson soluble reste l'un des rares éditeurs encore capable de publier sans mollir des albums hors-normes, inclassables et au style graphique souvent difficile à situer dans la dizaine d'écoles qui se partagent actuellement l'illustration jeunesse. Comme celui-ci, par exemple, inspiré par une série d'expériences bien réelles, dont les résultats, aujourd'hui plus connus sous le sigle OGM, reçurent d'abord le nom charmant de "chimères génétiques". Vous voulez rendre votre colza plus résistant aux insectes ? Introduisez dans son ADN des gènes de mite et de scorpion ! Vous avez besoin de connaître avec précision le meilleur moment pour arroser vos pommes de terre ? Rien ne vaut la protéine fluorescente de la méduse Aequorea victoria, qui les rendra luminescentes à la première petite soif. À partir d'un bref résumé de chacune de ces manipulations, le livre se présente comme une flore à l'ancienne qui feindrait de prendre l'hybride au pied de la lettre : racines en forme de grenouilles, fleurs ayant tout du scorpion, ce sont des plantes bien étranges qui s'invitent dans cette douzaine de planches censément somptueuses, évidemment inspirées des herbiers de l'âge classique, eux-mêmes nourris, Pline en tête, de tout l'imaginaire scientifique de leur temps. Aimable façon de boucler la boucle et de rendre à leur dimension poétique des expérimentations qui, par-delà leur vraie technicité, n'en sont peut-être pas moins les enfants monstrueux du sommeil de la raison.
Et puis, tout de même, hein, quel travail ! Vous avez vu, un peu, tous ces petits traits ?
Au Poisson soluble, on aime bien les petits traits. Pas que les petits traits, mais quand même : les petits traits. Depuis Le tyran, le luthier et le temps jusqu'à ces Chimères génétiques en passant par pas mal d'autres, L'atelier du poisson soluble semble rendre un culte discret à la hachure comme signe indubitable de la belle ouvrage et du fait main. À quand le prix du Meilleur ouvrier de France ?
Je plaisante, bien sûr. L'atelier du poisson soluble reste l'un des rares éditeurs encore capable de publier sans mollir des albums hors-normes, inclassables et au style graphique souvent difficile à situer dans la dizaine d'écoles qui se partagent actuellement l'illustration jeunesse. Comme celui-ci, par exemple, inspiré par une série d'expériences bien réelles, dont les résultats, aujourd'hui plus connus sous le sigle OGM, reçurent d'abord le nom charmant de "chimères génétiques". Vous voulez rendre votre colza plus résistant aux insectes ? Introduisez dans son ADN des gènes de mite et de scorpion ! Vous avez besoin de connaître avec précision le meilleur moment pour arroser vos pommes de terre ? Rien ne vaut la protéine fluorescente de la méduse Aequorea victoria, qui les rendra luminescentes à la première petite soif. À partir d'un bref résumé de chacune de ces manipulations, le livre se présente comme une flore à l'ancienne qui feindrait de prendre l'hybride au pied de la lettre : racines en forme de grenouilles, fleurs ayant tout du scorpion, ce sont des plantes bien étranges qui s'invitent dans cette douzaine de planches censément somptueuses, évidemment inspirées des herbiers de l'âge classique, eux-mêmes nourris, Pline en tête, de tout l'imaginaire scientifique de leur temps. Aimable façon de boucler la boucle et de rendre à leur dimension poétique des expérimentations qui, par-delà leur vraie technicité, n'en sont peut-être pas moins les enfants monstrueux du sommeil de la raison.
Et puis, tout de même, hein, quel travail ! Vous avez vu, un peu, tous ces petits traits ?
C'est un plaisir de vous lire!
RépondreSupprimerJe me rends compte que je suis bien loin de votre verve en ce qui a trait la critique d'album.
Bref, je me bidonne, je réfléchis, et je me dis : mince c'est l'auteur de Corrida et de On dit!
Bien à vous
... et c'est aussi l'art de se griller chez tous les (autres) éditeurs ! Merci, ça me fait très plaisir et c'est le premier commentaire de quelqu'un que je ne connais(sais) pas !
RépondreSupprimery' a pas que les copains dans la vie!!
RépondreSupprimerC'est la même chose au Québec, la critique est très mal prise dans le milieu. Depuis 3 mois, je suis du côté obscure des éditeurs (ancienne libraire)et oui, la critique n'amène pas d enouveaux amis. Mais c'es la même chose chez les libraires on dirait.. avoir des réserves sur tel collectif parce que des illustrateurs sont à c"""", on dit "oui, mais bon" idem pour les romans ados tellement bien écrit que "oh, enfin un auteur qui prend pas les ados pour des c..." oui, ais il s'écoute écrire, c'est de l'étalage de connaissance, on répond: "oui, mais bon"""
Promis, je redeviens un jour une fille hors édition pour pouvoir me lâcher sans qu'on me dise: conflit d'intérêt (tout du moins pour le Québec)
Pour l'instant, on ne m'a rien dit... mais ça pourrait venir. C'est vrai que c'est un domaine où il est presque interdit de dire du mal d'un livre. C'est méchant. Quand on voit ce qu'ils s'envoient dans la critique cinématographique, on est loin du compte ! Moi, ça ne me dérangerait pas trop qu'on dise du mal de mes bouquins. Lorsqu'un livre est publié, il n'appartient plus à son auteur !
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